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Témoignage du BTP CFA de Roubaix

En mai 2025, nous nous sommes rendus au Centre de Formation pour Apprentis BTP de Roubaix, équipé depuis deux ans d’une vingtaine d’écrans interactifs Speechi SuperGlass+ S, pour y interviewer son directeur adjoint, Johan De Pryck, et l’un de ses formateurs, Stéphane Comodi.

Dans cet article, vous trouverez la transcription complète des deux interviews, ainsi que deux vidéos qui reprennent les points clés de ces deux témoignages. Leurs expériences respectives interrogent ce que l’ENI peut apporter à un public d’apprenants marqué par la diversité, composé d’adultes en reprise d’études, d’élèves appréciant peu le système scolaire traditionnel ou encore d’élèves allophones.

Témoignage du Centre de formation pour apprentis BTP de Roubaix

Interview de Johan De Pryck, directeur adjoint du BTP CFA de Roubaix

Pouvez-vous vous présenter et présenter votre centre de formation ?

Bonjour, je suis Johan De Pryck, directeur adjoint du BTP CFA de Roubaix et du CFA de Lens. Je suis en charge de tout ce qui est travail sur la pédagogie, gestion des référentiels, travail avec les équipes de formateurs et gestion de leur planning.

Le BTP CFA de Roubaix et le BTP CFA de Lens font partie de BTP CFA Hauts-de-France qui regroupe 6 organismes de formation dans le Nord et le Pas-de-Calais. Nous accueillons au total plus de 2.400 apprentis, dont près de 800 sur Roubaix et Lens.

Depuis combien de temps votre centre de formation est-il équipé d’écrans interactifs Speechi et pourquoi la décision a été prise de les en équiper ?

Notre CFA a été équipé d’écrans Speechi dans toutes ses salles d’enseignement général depuis à peu près deux ans. Nous avons décidé de passer à cette solution pour dynamiser un peu les cours.

L’écran interactif, pour nous, était un moyen d’attirer un peu le regard des apprentis et faire qu’ils évitent de regarder leur écran personnel pour regarder plutôt ce qui se passe sur le tableau. Ça permet aussi aux formateurs une gestion beaucoup plus simple des supports numériques, PowerPoints ou des sites internet, type Genially ou Kahout, qu’ils utilisent pour faire leurs cours.

Voilà 2 ans que les écrans interactifs ont intégré les classes de votre centre de formation, que pouvez-vous nous en dire ? Êtes-vous, vous et votre équipe enseignante, satisfaits de cet outil ?

Au bout de deux ans d’utilisation, nos formateurs sont assez satisfaits. Certains ont pris plus facilement l’outil en main que d’autres, mais ça dépend des attraits de chacun envers les nouvelles technologies. (…)

Pour les apprentis, un des avantages, c’est que certains formateurs ont très bien compris le système de QR code et génèrent un QR code que les apprentis peuvent scanner, ce qui est très intéressant pour les jeunes qui ont des difficultés pour la prise de notes, notamment les jeunes allophones.

Est-ce que vous utilisez vous-même l’écran interactif ?

Non, c’est un de mes regrets. J’ai été prof de maths pendant presque 20 ans et j’ai arrêté d’être prof de maths juste avant d’avoir l’outil, je crois que je me serais amusé avec. 

Comment sont équipés le CFA de Lens et celui de Roubaix ?

Le CFA de Lens est un tout petit CFA qui a ouvert en 2024 et accueille actuellement une vingtaine d’apprentis. C’est donc vraiment les premières sessions. On a deux salles de cours, les deux salles sont équipées d’un Speechi.

Le CFA de Roubaix a entre 15 et 20 écrans interactifs qui équipent toutes les salles d’enseignement général. Et là, on est train d’essayer d’avoir un petit peu de financement pour pouvoir équiper les salles d’enseignement professionnel parce que les profs d’atelier sont un peu jaloux, ils aimeraient avoir ces écrans aussi.

Savez-vous dans quelles perspectives les professeurs d’atelier aimeraient avoir l’écran ?

Ils utilisent pas mal de projection pour les projections de plans et le travail sur des logiciels de DAO. Pour l’instant, ils ont un vidéoprojecteur, mais ça n’a pas du tout la même interactivité : ils doivent retourner sur leur PC pour modifier, tandis qu’avec un écran interactif ils pourraient le faire sans doute beaucoup plus facilement en restant au tableau.

Ils utilisent aussi beaucoup de logiciels de type Genially et leur présentation de cours. Or cet écran-là permettrait de les gérer plus facilement et d’être plus réactif. 

Interview de Stéphane Comodi, formateur au BTP CFA de Roubaix

Pouvez-vous vous présenter ?

Alors moi, c’est Stéphane Comodi. J’enseigne au BTP CFA de Roubaix depuis 3 ans. Je suis un peu couteau suisse parce que j’enseigne à la fois le français, l’histoire-géographie et une 3e matière qui s’appelle la PSE, pour Prévention Santé Environnement.

Avant d’aborder le moment où l’ENI a intégré votre salle de classe, de quoi était auparavant équipée votre salle de classe ?

C’est simple, on avait juste un tableau blanc, deux feutres et un vidéoprojecteur.  

Comment les élèves ont accueilli l’outil ? Quelle a été leur réaction à la 1ère utilisation ?

Ils ont eu l’impression que j’avais gagné au loto. Ils se sont demandé ce que ça faisait là et quelle utilité ça pouvait avoir. De fil en aiguille, ils l’ont totalement accepté et ça fait désormais partie de la norme. 

Est-ce que vous, de votre côté, vous appréhendiez l’utilisation de l’écran interactif ou alors vous étiez curieux, et pourquoi ?

Moi, j’étais très curieux. En fait, on ne m’avait pas prévenu que ça allait arriver. J’ai vu les ouvriers débarquer pendant mon cours pour l’installer. Je me suis un peu retrouvé face à ce truc en me demandant ce que ça pouvait bien être.

Je me suis dit que c’était un outil et que j’allais essayer de m’adapter. J’en ai trouvé plein d’applications, des choses que je ne pouvais pas faire avec un tableau et un vidéoprojecteur traditionnel. Et aujourd’hui je suis bien content de l’avoir parce qu’il m’est très utile sur certains aspects.

Maintenant venons-en à votre utilisation de l’écran numérique interactif en classe. Aujourd’hui, à quelle fréquence utilisez-vous l’ENI dans votre pratique quotidienne ? Une utilisation ponctuelle en complément du tableau ou bien un quasi remplacement du tableau ?

C’est un quasi remplacement du tableau. La seule fois où j’utilise le tableau, c’est simplement quand je n’ai pas assez de place sur l’écran et que je veux noter des choses annexes qu’il faut qu’ils aient en coin pour pouvoir travailler, des informations supplémentaires, etc.

Notes de cours sur la tableau blanc de l'écran numérique interactif

Mais concrètement je n’utilise que l’écran à tous les cours pour plusieurs raisons et une des raisons majeures, c’est que je peux transformer toutes mes notes en QR code, ce qui en supprime complètement le côté désagréable. Dans cet établissement-là, c’est particulièrement vrai, on a un public qui est très peu scolaire et toute la partie prise de notes, c’est quelque chose qu’ils détestent. C’est un public de maçons, de menuisiers, de gens du bâtiment et moi, j’ai des matières qui rappellent un petit peu ce qu’est le collège-lycée. Donc en général, ils ont une appréhension par rapport à ça.

Le fait de pouvoir simplement scanner l’écran et d’avoir toutes les notes que j’ai écrites pendant le cours sur téléphone, ça, c’est un avantage exceptionnel parce qu’ils peuvent juste se concentrer et être en interactions.

Donc ça veut dire qu’à chaque fin de cours, vos élèves – ou du moins quelques uns – viennent scanner le QR code ?

Oui, c’est ça. Je pourrais vous le montrer ici. Admettons que j’ai écrit mon cours sur Note. J’ai juste à cliquer là-dessus et l’écran va générer tout seul un QR code. Hop, je l’affiche en grand, je me pousse et de n’importe où dans la classe, ils peuvent le scanner et ils auront tout sur le téléphone.

Numériser le cours et la partager à ses élèves grâce au QR code du tableau blanc Note

Donc ça, c’est incroyable. Non seulement je suis sûr qu’ils ont les notes de cours, mais en plus ça ne leur coûte rien de scanner ça.

Vous m’aviez évoqué des applications. Quel genre d’applications utilisez-vous en cours ?   

Alors des applications propres comme on peut voir ici, non, je n’en utilise pas pour la raison que l’utilisation que j’en ai me suffit complètement. Vous l’avez vu, j’utilise simplement mon PC avec la fonction d’annotation. J’affiche mon écran de PC directement sur l’écran interactif et puis je peux dessiner sur des graphiques, sur des cartes, etc. 

Projeter son écran de PC sur l'ENI et annoter des images
Annoter des images sur l'écran numérique interactif

C’est vraiment rentré dans ma pratique, c’est quelque chose que je fais souvent et ensuite je retourne sur la partie Note. Quand je parlais d’applications, je parlais plutôt de la façon dont l’écran interactif s’applique à mes cours, dont il me permet de générer de l’interactivité entre moi et les apprentis.

Quel avantage trouvez-vous à l’ENI par rapport à votre précédent équipement ?

C’était assez problématique parce que je ne pouvais rien noter tant que l’image du vidéoprojecteur était projetée sur le tableau. Je n’avais pas l’occasion de « changer d’écran » comme j’ai pu le faire tout à l’heure en cours.

À un moment donné je leur affiche une carte sur laquelle on écrit un peu et dès que j’ai besoin de revenir à la partie Note, hop j’ai juste à changer de source et ma partie Note réapparaît, tout est encore dessus, tout est enregistré, je n’ai pas à effacer ce que j’ai déjà écrit.

Annoter une carte de géographie sur l'écran numérique interactif

En plus, l’un des avantages exceptionnels de pouvoir numériser le cours, c’est que nous, on a un public dont les niveaux sont très disparates. Il y a des gens qui viennent étudier ici qui ont une maîtrise du français qui est nulle ou bégayante et pour eux la prise de notes est une torture. Quand j’utilisais encore le tableau, le fait de devoir effacer à chaque fois pour pouvoir continuer mon cours, c’était pour eux une source de stress continu. Là, je n’ai pas du tout ce problème et eux ne se posent pas la question, puisqu’ils savent que de toute façon ils auront le cours en version numérisée après.

Est-ce que l’écran interactif motive plus les élèves ?

Ça les motive plus. Il y a encore ce côté où passer au tableau est toujours un grand moment. Je pense aussi que la technologie les amuse : le fait de pouvoir jouer dans Note avec la taille du crayon, le fait de pouvoir changer les couleurs, etc., c’est très simple, mais ça les éclate. Quand je leur laisse carte blanche pour me faire leur présentation, j’ai droit à des chefs d’œuvres. Il y a un côté ludique et c’est ça qui les intéresse le plus, je pense.

ENI et motivation des élèves

Par exemple, quand il y a un rendu de dossier en fin d’année avec une présentation, ils savent qu’ils vont pouvoir passer le powerpoint directement sur l’écran et qu’ils pourront avec la fonction d’annotation pointer les éléments importants sur leur schéma, etc. De la même manière que moi, je le fais.

L’utilisation est assez instinctive. Du coup, ça ne leur demande pas un apprentissage. L’utilisation des écrans tactiles, c’est quelque chose qu’ils connaissent déjà en fait, c’est juste que là c’est la version gargantuesque.

Y a-t-il des projets que vous ne pouviez pas faire auparavant et que l’écran numérique interactif vous a permis de mener ?

C’est une question qui est difficile parce que l’écran interactif est venu très tôt dans ma pratique. J’ai plus enseigné avec cet outil qu’avec le tableau. Du coup, j’ai construit la plupart de mes cours en utilisant l’écran interactif. Je ne pourrai donc pas trop vous répondre. 

Est-ce qu’il y a des projets que vous imagineriez avec l’écran numérique interactif ?

Oui, j’aimerais bien exploiter peut-être le fait de pouvoir l’utiliser dans un travail de groupe. Par exemple, pour des niveaux un peu plus élevés, faire des brainstormings sur des thématiques de philosophie où chacun peut travailler sur son téléphone et faire apparaître tous les résultats sur l’écran. Ça me paraissait être une bonne idée. Je ne l’ai pas encore mise en pratique parce que c’est encore un cours qui est en construction dans ma tête, mais ça fait partie des choses que j’aimerais utiliser. C’est le tableau comme résumé, l’addition de tous les travaux de chaque apprenant. 

En termes d’inclusion scolaire, est-ce que l’ENI vous est ou vous a déjà été utile pour adapter des contenus à des élèves qui rencontrent des problèmes de type dys ou pour faire de la pédagogie différenciée ?

Oui, bien sûr, principalement parce que ça permet d’imager très vite. Quelque chose que j’ai réalisé assez tôt en enseignant, c’est que les apprentis sont tous sensibles à différentes choses et pour beaucoup ça va être l’image, par exemple, ou la vidéo. D’autres, il suffit que je leur parle, que je leur fasse des schémas, etc. Et je peux multiplier ces méthodes pédagogiques beaucoup plus vite que si j’avais eu un simple tableau et c’est très pratique dans ce sens-là.

Est-ce que l’écran facilite votre métier d’enseignant et en quoi le facilite-t-il ?

Ça facilite mon métier d’enseignant en même temps que ça le complexifie pour la simple et bonne raison que je dois m’y adapter. C’est quand même un outil qui est très complet et j’ai l’impression – et j’en suis sûr même – que je ne l’utilise pas à 100%. Il y a encore plein de choses que je ne fais pas avec. J’ai mon utilisation un peu réconfort où je sais comment ça fonctionne, où je sais où je vais, etc. Il y a plein de choses encore qu’il faut que j’expérimente dessus.   

Y a-t-il eu des effets positifs que vous ne soupçonniez pas forcément ? 

Pour moi, vraiment l’effet le plus positif, à coup sûr c’est celui sur le public qui a des difficultés avec la langue française. C’est très compliqué d’avoir des écarts de niveaux aussi importants dans un groupe, des groupes qui sont parfois plutôt nombreux. C’est très difficile d’avoir un discours qui parle à tout le monde.

Alors c’est pas la solution miracle, parce que je pense qu’elle n’existe pas, mais en tout cas, ça m’aide beaucoup. C’est plus simple pour moi de faire ça. Quitte à multiplier par exemple les notes, d’avoir une page de notes un peu plus détaillée pour ceux qui en ont besoin et une page de notes avec une écriture plus simplifiée pour ceux qui préfèrent quelque chose de plus lisible et plus simple.