Le 30 octobre 2025, il y a quelques jours, Benjamin Brousse, dirigeant de Speechi, a été « le grand invité » de l’émission de la chaîne RCF animée par le journaliste Michel Picard, une émission dans laquelle sont invitées à s’exprimer des personnes qui font l’actualité des Hauts-de-France.
Y sont abordées diverses questions telles que la place des écrans interactifs dans les écoles françaises, l’inclusion d’élèves à besoins particuliers grâce à la technologie, l’importance des retours terrain dans les innovations de Speechi ou encore le poids du Made in France face à une concurrence mondiale forte. Vous trouverez ci-dessous la captation vidéo de l’interview radio, ainsi que sa retranscription écrite.
🎥 Captation vidéo de l’interview de Benjamin Brousse
Visionner l’interview radio de Benjamin Brousse, dirigeant de Speechi, sur la page YouTube de RCF Hauts-de-France ou bien, en format podcast, sur le site rcf.fr (diffusé en direct le 30 octobre 2025).
🎙️Retranscription écrite de l’émission « Le Grand invité »
sur RCF Hauts-de-France
Michel Picard : « L’éducation en mode innovation. Les écrans interactifs s’installent dans les salles de classe et Speechi en est le leader sur le marché français. Bonjour Benjamin Brousse. »
Benjamin Brousse : « Bonjour Michel. »
Michel Picard : « Merci d’être dans ce studio. Vous êtes dirigeant de Speechi depuis 2022. D’abord, qu’est-ce que Speechi, que faites-vous ? »
Benjamin Brousse : « Alors on est une entreprise lilloise, on est d’ailleurs basé à 100 m de chez vous. Le siège en tout cas est à 100 m de chez vous. On est spécialisé dans les écrans interactifs. Donc on conçoit et on développe des écrans interactifs. Ces grandes tablettes qu’on retrouve dans les salles de classe, les salles de formation, les salles de réunion pour les entreprises, des logiciels pour l’éducation également. »
Michel Picard : « Vous dites entreprise et pas seulement éducation. Donc c’est éducation nationale, mais également l’entreprise ? »
Benjamin Brousse : « Tout à fait, ce sont les deux marchés qu’on adresse en tant que spécialiste. On est leader sur le marché français juste devant une marque avec un S… On développe et on conçoit à Lille avec nos ingénieurs les écrans et les logiciels. »
Michel Picard : « Cocorico, une entreprise française leader sur le marché français, c’est assez rare tout de même. Mais revenons un instant, si vous voulez bien, sur ces tableaux interactifs. Vous avez dit que ce sont ces grandes tablettes qu’on retrouve un peu partout, celles et ceux qui ne sont pas familiers familières avec le sujet. De quoi s’agit-il ? Ce sont des tableaux comme on avait à l’époque ? »
Benjamin Brousse : « On est peut-être à peu près de la même génération. Donc nous, on a connu les tableaux noirs à craie. Ensuite, il y a eu le Velleda avec le tableau blanc et ensuite il y a eu les TBI, les vidéoprojecteurs un peu interactifs et ensuite la génération [des écrans interactifs] qui est arrivée depuis quelques années maintenant. Ce sont donc ces grands écrans qui sont un peu l’équivalent, pour vulgariser, de tablettes géantes qui remplacent ces tableaux noirs qu’on a connus et qui permettent une meilleure interactivité entre l’enseignant et et les apprenants. »
Michel Picard : « De quelle manière est-ce que justement ça permet une meilleure interactivité ? »
Benjamin Brousse : « Un écran interactif dans une salle de classe ou une salle de formation va permettre que l’apprenant soit actif et non passif : il va pouvoir interagir directement durant le cours, annoter directement. Le professeur va lui partager des contenus sur lesquels il va pouvoir formaliser, écrire différentes choses… »
Michel Picard : « À partir de quand ces tableaux intègrent-ils les salles de classe ? Ça commence quand, à la maternelle, un peu plus tard ? »
Benjamin Brousse : « Alors la maternelle beaucoup moins parce que ce n’est pas forcément recommandé, même si de façon très encadrée, ça peut l’être, mais ça va être plutôt le primaire, le collège et le lycée. C’est vraiment les trois segments et bien sûr l’enseignement supérieur qui vont être concernés. »
Michel Picard : « Est-ce qu’aujourd’hui toutes les salles de classe sont concernées ? »
Benjamin Brousse : « Non, la France est relativement sous-équipée, autour de 30 % de taux d’équipement en écrans interactifs, ce qui représente un potentiel de croissance et on s’y attelle fortement, même s’il y a des gros efforts de l’État, des collectivités qu’il faut souligner, notamment via des programmes, comme le programme des Territoires Numériques Interactifs, pour soutenir effectivement cette dynamique et réduire un peu aussi la fracture [numérique]. »
Michel Picard : « Est-ce qu’on a déjà du recul sur le rapport des élèves à cette nouvelle pratique pour savoir si oui ou non c’est efficace et si ça permet justement de favoriser l’apprentissage ? «
Benjamin Brousse : « Alors, des rapports officiels, assez peu. Objectivement, nous, on se base beaucoup sur les retours terrain des enseignants. Tout récemment, on a équipé une école dans la région (on équipe des milliers de salles de classe dans la région des Hauts-de-France) l’école Jeannine Manuel de Marcq-en-Baroeul par exemple, celle de Paris et celle de Londres aussi d’ailleurs. Les retours sont très bons. On a fait un très gros déploiement sur la ville de Marseille, puisqu’on équipe près de 2000 salles de classe dans le cadre du plan Marseille en Grand qui avait été décidé il y a quelques années, sur lequel effectivement les retours des enseignants sont [positifs]. Ça leur permet une meilleure interactivité puisqu’un enseignant va préparer ses cours en amont, va pouvoir ensuite se connecter à l’écran, partager plus facilement et interagir avec ses élèves… »
Michel Picard : « Vous n’êtes pas les seuls sur le marché. Qu’avez-vous de différent ? »
Michel Picard : « Ça vous a permis de rattraper un retard ? »
Benjamin Brousse : « On était déjà un petit peu en avance, mais ça nous a permis surtout d’être différent. En quoi l’expérience utilisateur avec un écran Speechi permet à un enseignant, un professeur ou un formateur d’avoir une expérience plus facile, plus simple ? Typiquement, il n’y a rien de pire que de rentrer dans une salle de classe, de ne pas pouvoir se connecter à un écran de façon sécurisée, de manière immédiate, de ne pas pouvoir partager effectivement ses contenus de manière facile avec les contraintes aussi liées au réseau, les contraintes liées aussi à l’inclusion auxquelles il faut répondre et on a innové dans ce sens-là. »
Michel Picard : « Mais par exemple, en terme d’inclusion, on imagine mal quelle particularité vous pouvez apporter. »
Benjamin Brousse : « Dans les dernières innovations Speechi, on a développé une fonctionnalité qui s’appelle le Speechi Talk qui est une fonctionnalité IA native – qui intègre l’intelligence artificielle de façon native – et qui permet de façon immédiate de traduire dans différentes langues ce que va dire le professeur ou l’enseignant. Et donc pour des personnes, qu’elles soient malentendantes ou qu’elles aient un handicap – il y a aussi de fortes différenciations dans l’apprentissage entre des publics un peu plus défavorisés ou qui ont moins accès effectivement à certaines formes d’enseignement – [cette innovation permet] de les inclure plus facilement dans leur groupe d’apprentissage. Quand on voit les derniers classements PISA de la France, l’entreprise a son rôle à jouer aussi là-dedans. »
Michel Picard : « Est-ce que vous avez des retours directs, par exemple, de ce type de personnes qui peuvent vous dire si oui ou non ça les a aidés, de quelle manière ? Est-ce que vous prenez le temps d’aller dans les salles de classe ? «
Benjamin Brousse : « Bien sûr, on a fait le choix pour se différencier de ces grands concurrents généralistes de mettre l’utilisateur au cœur de de notre stratégie. Donc on les accompagne : on les accompagne dans la formation, on les accompagne dans la maîtrise de ces outils, tout en les rendant plus simples et accessibles. Je vous donne un exemple très concret : on sait que l’enseignement des langues est aujourd’hui un vrai défi – surtout dans une compétition mondiale comme on est aujourd’hui – pour les futurs élèves et ceux qui arrivent sur le marché. (…) Et le retour qu’on a par rapport à cette fonctionnalité de Speechi Talk, c’est qu’elle facilite [cet apprentissage] et les élèves qui étaient un peu en queue de peloton pour des questions diverses, ça leur permet effectivement de remonter un petit peu parce que c’est plus accessible pour eux, c’est plus facile pour eux de comprendre. »
Michel Picard : « Pour comprendre également votre développement, parce que Speechi Talk, on le comprend, n’est pas forcément uniquement destiné à l’hexagone. Vous êtes présent à l’international ? »
Benjamin Brousse : « Tout à fait, la part de l’international est passée de 10 % en 2022 à 30 % de nos revenus cette année. Donc on a un développement important à l’international. On a souhaité le concentrer sur les pays plutôt francophones pour des raisons diverses et variées… «
Michel Picard : « Belgique, Suisse, Luxembourg… »
Benjamin Brousse : « Parfait. Vous les avez donnés. On est numéro 2 en Suisse, numéro 1 en Luxembourg, numéro 2 sur la Belgique. L’Afrique est aussi un fort potentiel de développement pour Speechi puisque c’est un continent qui est dans une dynamique, a une population assez jeune et qui se développe très bien. »
Michel Picard : « À l’heure où on parle, Benjamin Brousse, ceux qui nous écoutent se disent « Mais des tableaux connectés, l’innovation, internet, le piratage possible… ». En ce moment, les établissements de la région par exemple sont très touchés par des attaques informatiques. Comment est-ce que vous en êtes protégés ou non ? «
Benjamin Brousse : « Parmi les dernières innovations – je ne vais pas toutes les donner parce que ça serait peut-être un peu lourd pour les auditeurs – mais il y a le sujet par exemple de la sécurité de la souveraineté des données. Lorsque vous partagez des données, où sont-elles hébergées ? Dans ce qu’on appelle dans le cloud. Donc si vous utilisez des matériels étrangers qui hébergent leurs données de façon plus ou moins… je ne vais pas nommer nos amis américains, mais bon vous l’aurez compris, ça peut poser des questions de sécurité de souveraineté de la donnée. Par exemple avec Speechi, et c’est ce qui fait aussi notre différence, nos clients peuvent choisir où vont être hébergées les données. Par exemple, en Suisse où ils sont très regardants sur le sujet – et ils ont raison – si on ne pouvait pas héberger les données en Suisse, on ne pourrait pas travailler avec les écoles qu’on déploie sur le territoire. «
Michel Picard : « C’est un vrai sujet cette souveraineté parce que, par exemple, la région Île-de-France vient de dire non à Microsoft et s’est tournée vers des solutions made in France pour ses lycées. Est-ce que c’est un sujet qui fait partie des priorités chez vous ? «
Benjamin Brousse : « C’est un sujet prioritaire pour nous parce qu’il nous permet bien évidemment d’avoir un avantage commercial concurrentiel, mais c’est aussi un sujet parce qu’encore une fois, on part du terrain et des contraintes des clients et des organisations et la souveraineté de la donnée devient de plus en plus un sujet du fait du contexte géopolitique mondial que vous connaissez et qui fait qu’effectivement aujourd’hui on n’a pas forcément envie de voir héberger ses données chez des tiers plus ou moins de confiance. «
Michel Picard : « Qui sont vos clients ? Est-ce que c’est l’éducation ? Est-ce que ce sont les établissements ? «
Benjamin Brousse : « Les deux. Aujourd’hui, on travaille à la fois avec l’éducation nationale, bien évidemment, on travaille avec les collectivités territoriales, on travaille directement avec des mairies, avec des collèges, avec des lycées, via notre réseau de partenaires distributeurs aussi. On a une centaine de distributeurs sur le territoire français qui sont ou locaux ou d’envergure un petit peu plus nationale et qui vont répondre aux différents appels d’offre, aux demandes. «
Michel Picard : « Comment est-ce qu’on peut s’assurer que vous ne participez pas avec d’autres dans ces innovations technologiques – alors pas à l’abrutissement de nos nouvelles générations – mais au fait que les capacités des futurs élèves et des élèves actuels ne cessent de baisser ? Est-ce que, par exemple, ils savent encore écrire à la main ? Est-ce qu’ils savent encore faire des choses qu’on apprenait à l’époque ? »
Benjamin Brousse : « Alors le sujet est intéressant parce qu’il y a eu le rapport À la recherche du temps perdu qui a été demandé par la présidence de la République en 2024 et qui met le doigt sur certains sujets autour effectivement des écrans et des enfants. Et il faut le prendre en compte. Nous, notre stratégie est justement de re[mettre] l’interactivité au centre du sujet et donc de faire en sorte que l’apprenant soit actif et non pas passif. Le problème des écrans, c’est la passivité. Le problème, c’est effectivement d’être exposé à des contenus plus ou moins pertinents, trop jeune et d’être passif sans capacité de réflexion. Aujourd’hui, un écran numérique interactif, c’est justement le contraire (…) : c’est permettre justement d’attirer davantage l’attention et l’interactivité de l’élève pour qu’il soit actif dans son processus d’apprentissage et non pas passif. Il y a aussi les classes mobiles, les classes augmentées… c’est très encadré. Ce qui est le vrai problème, c’est la passivité et tout ce que ça engendre. »
Michel Picard : « Quand vous êtes arrivé en 2022, le placement à l’international et l’ouverture faisaient partie de vos priorités. Quels sont vos objectifs aujourd’hui ? »
Benjamin Brousse : « Alors, notre objectif premier, c’est conforter notre position de leader sur le marché français puisque je ne vous cache pas qu’on est fortement attaqué par des marques qui essaient de pénétrer le marché
parfois avec des pratiques plus ou moins commerciales. «
Michel Picard : « Est-ce que le Made in France vous sert aujourd’hui ? Parce qu’il est revenu depuis quelques mois, quelques années… »
Benjamin Brousse : « On aimerait qu’il nous aide plus dans les appels d’offre que ce soit davantage mis en avant évidemment. Après, il faut aussi se rendre compte que c’est une compétition mondiale, donc il faut jouer avec ses règles et c’est normal. Donc ça nous aide un petit peu en France évidemment puisqu’il y a aussi toute la partie service, accompagnement. Ça veut dire que, quand on accompagne un collège, un lycée en France, ils vont avoir des interlocuteurs français, ils vont avoir un support et un SAV français, ils vont avoir un accompagnement à la mise en place qui va être de proximité. C’est évidemment un avantage par rapport à certaines marques où il y a des petits sujets de décalage horaire et de langues qui vont se poser. Donc oui, c’est un avantage en France, en Europe ou sur d’autres pays, ça plaît parce qu’effectivement les innovations qu’on apporte leur permettent d’avoir davantage la main et d’être moins dépendant de tiers. »
Michel Picard : « Qu’est-ce que vous avez appris ? Parce que ce n’est pas votre milieu d’origine ce milieu en lien direct avec l’éducation nationale. Quand vous prenez un peu de recul sur ces années passées à la tête de Speechi, vous aurez appris à plein de choses. »
Benjamin Brousse : « Plein de choses, oui. Ce qui est hyper intéressant, c’est d’être dans une compétition qui est mondiale. Malheureusement, on ne joue pas tous avec les mêmes règles, mais il faut s’adapter. Ça veut dire qu’en tant que dirigeant d’entreprise, vous n’avez pas le choix. Il y a peut-être des dirigeants de PME ou TPE qui m’écoutent et ils savent qu’il faut faire avec les règles du jeu. Donc on apprend beaucoup de choses. On apprend surtout qu’il faut être au plus près du terrain et vous avez fait cette remarque tout à l’heure : si on ne comprend pas les attentes du terrain, les attentes des enseignants, est-ce qu’on met le numérique au service de l’enseignant ? Est-ce qu’on met l’intelligence artificielle au service de l’enseignant ou est-ce qu’elle remplace ? Non, il faut la mettre au service et c’est le sens de l’innovation, c’est qu’elle serve les enseignants et qu’ils puissent, eux, décider ensuite de la façon dont ils l’utilisent et non pas l’inverse. »
Michel Picard : « Et pour conclure, si je vous ai bien écouté, pour en revenir à du primaire, ce n’est plus le « Pour ou contre l’écran ? », mais c’est « Comment l’écran ? » aujourd’hui ? «
Benjamin Brousse : « C’est comment l’utiliser à bon escient, de façon encadrée. Ça, c’est le rôle aussi bien sûr du personnel pédagogique de le faire et ils savent le faire, ils ont cette maîtrise, mais c’est, en effet, vraiment ce sujet-là et avec quels outils l’utiliser. »
Michel Picard : « Merci beaucoup d’avoir pris le temps Benjamin Brousse de venir répondre à ces questions. Je rappelle que vous êtes dirigeant de Speechi depuis 2022, Speechi qui fait entrer l’école dans le monde de l’éducation 2.0. »





